vendredi 14 février 2014

Pauvreté en pays riche : Comment je paie mon loyer ?

SOCIAL-ECO -  le 11 Février 2014
Pauvreté « Comment je paye mon loyer ce mois-ci ? »
Voici l’intégralité de la lettre de Patricia, où cette femme de 48 ans interpelle sur l’enfer quotidien de la pauvreté et décrit les extrémités auxquelles elle est poussée pour subvenir à ses besoins.
OBJET : DÉSESPOIR
Mesdames, Messieurs,
Je suis âgée de 48 ans. Je vis seule. Je suis en recherche d’emploi depuis janvier 2013. Je bénéficie d’une reconnaissance de travailleur handicapé.
Depuis le début de mon indemnisation Assedic, je perçois environ 680 euros mensuels, ainsi que 110 euros d’APL pour mon loyer. (Une vraie richesse, vous allez me dire.) Je me fais aider ponctuellement par les services sociaux de Guéret pour les factures. Pour l’alimentaire, c’est plus compliqué : je suis au-dessus des minima sociaux, donc ne peux bénéficier d’aucune aide alimentaire.
Mon ARE a pris fin le 9 janvier dernier. J’ai fait une demande d’ASS, mon dossier est en examen à Pôle emploi. Je vais percevoir pour janvier 201 euros d’Assedic. En attendant la décision de me l’octroyer ou pas. Si c’est positif, je percevrai environ 450 euros mensuels – si c’est négatif, je devrai faire une demande de RSA auprès de la CAF. Donc refaire un nouveau dossier et patienter pour l’examen de celui-ci. Donc pour le mois de février, je vais devoir vivre avec 201 euros ?
QUESTIONS :
Comment je paye mon loyer ce mois-ci ? Loyer de 230 euros.
Comment je paye mon EDF ? J’ai déjà un retard de facture avec menaces de coupure. Environ 350 euros.
Comment je paye mes assurances voiture et maison ? 48 euros.
Je vais juste être dans l’incapacité à régler l’ensemble de mes factures, une fois de plus, et me retrouver, une fois de plus, dans le rouge auprès de mes créanciers. J’ai subi une expulsion en août 2012, je pense que je vais de nouveau droit dans le mur…
Je suis diabétique sous insuline, je dois avoir une alimentation dite équilibrée, ça sera dans une autre vie car maintenant c’est complètement impossible.
Il y a déjà bien longtemps que je ne mange pratiquement plus de viande, poisson – on s’y fait.
5 légumes et fruits par jour – bon là, je suis obligée de rigoler, les fruits et légumes s’éloignent eux aussi de mon alimentation.
Faites le compte de ce qu’il reste pour la nourriture et de ce qu’il faut que je mange pour avoir une ration normale à la vue de mon diabète et vous allez faire vite le tour.
Je suis résignée, je ne fais qu’un repas par jour, en général le soir, et puis voilà, on en meurt pas – je mets juste ma santé en jeu par ce mode de fonctionnement alimentaire, mais comment faire autrement ?
Je ne bois pas, je ne fume pas, je n’ai aucune activité extérieure payante, je ne fais pas le shopping toutes les semaines, je ne pars pas en vacances, j’ai tout réduit au minimum syndical.
Je suis une femme de mon temps, un brin féministe, et j’ai dû cette année utiliser une action qui porte le nom de Prostitution. Pas pour aller boire un coup ou au restaurant. Non, juste pour remplir mon frigo car je crevais de faim. Laisser sa fierté dehors, ne plus se sentir humaine, juste un objet, et après réussir à se regarder en face sans vomir. Mais cet argent difficilement acquis m’a redonné souvent de la joie en voyant mon frigo de nouveau plein. Pas vraiment le choix…
Malgré la maladie, je suis une personne courageuse, très motivée, je ne veux simplement, comme 5 millions de chômeurs, je crois, qu’un emploi. Un salaire de 1 200 euros net mensuels m’irait très bien. Pas de contrats aidés – véritable fumisterie et escroquerie – non, juste un job pour me sentir une humaine digne – pour vivre comme beaucoup, simplement. J’ai une formation de secrétaire et de multiples expériences dans d’autres emplois. J’accepterai n’importe quel emploi en adéquation avec ma maladie. À 48 ans, célibataire, sans enfant à charge, possédant le permis et un vieux véhicule, je me sens totalement prête à reprendre une activité…
Voici le résumé de ma vie et j’espère que vous aurez pris le temps de me lire entièrement.
Ce qui me rend encore plus triste, c’est qu’en Creuse, je ne dois pas être la seule, combien de personnes qui souffrent ?
QU’EST-CE QUE JE DOIS FAIRE ?
 
Je vous prie d’agréer, Mesdames, Messieurs, l’expression de mes sincères salutations.

mardi 11 février 2014

Sur la laïcité par Yvon Quiniou, philosophe

TRIBUNES L'Humanité -  le 24 Janvier 2014
La laïcité induit-elle une neutralité bienveillante des religions ?

Il convient de libérer l’homme de la fantasmagorie religieuse

Par Yvon Quiniou, philosophe (1).
Dans un livre que j’ai lu avec attention (2), comme dans une récente tribune parue dans l’Humanité, Pierre Dharréville nous présente une conception très ouverte de la laïcité, liée à une conception elle-même très avenante de la religion. Le problème est que cette dernière n’est pas justifiée, ni sur le fond ni dans le visage que nous offrent à nouveau aujourd’hui les religions qui tentent de réinvestir la sphère politique publique, risquant d’altérer la véritable laïcité telle qu’elle existe en France depuis un siècle......suite....

La violence des riches

Entretien avec Monique et Michel Pinçon-Charlot, autour de leur livre «La violence des riches - Chronique d'une immense casse sociale» (Editions Zones - La Découverte 2013).
Réalisation : Yannick Bovy -- Janvier 2014 - 26 mn.
Une émission proposée par la FGTB wallonne & produite par le CEPAG

dimanche 9 février 2014

"Social-libéralisme", cela a t-il un sens ?

 le 31 Janvier 2014 l'Humanité des débats.

« Social-libéralisme », cela a-t-il un sens ? table ronde

Gilles Finchelstein, directeur de la Fondation Jean-Jaurès. Jacques Fournier, conseil scientifique de la Fondation Res Publica et auteur (1). Pierre Khalfa, coprésident de la Fondation Copernic. Alain Obadia, président de la Fondation Gabriel-Péri. Thierry Pech, directeur général de la Fondation Terra Nova.
Rappel des faits : Lors de sa conférence de presse du 14 janvier 2014, François Hollande s’est affirmé « social-démocrate », pour la première fois en tant que chef de l’État, tout en rejetant le libéralisme. Beaucoup ont vu un tournant « social-libéral » dans les annonces faites...
Les propos tenus et les décisions présentées par le président de la République sont largement connotés. Les principales réponses économiques inspirées du Medef (exonérations des cotisations patronales, augmentation de la TVA, réduction compétitive du coût du travail, etc.) sont utilisées depuis au moins trois décennies sans que la situation du pays ne s’améliore, pire elle s’aggrave. Dans ces conditions, les axes forts du cap politique (économie de l’offre et réduction des dépenses publiques) s’identifient à une orientation libérale. Le terme de social-libéralisme est de plus en plus employé pour qualifier certains partis pris idéologiques. Est-ce un nouveau courant d’idées ou une adaptation, voire une intégration de la social-démocratie au libéralisme?
  (cliquer sur Plus d'infos pour lire la suite)   ----   télécharger le débat en PDF